Entretien avec Nicolas Dohrmann, directeur des Archives de l'Aube, dans le cadre du Forum des archivistes en 2013

Comment votre département s’est-il inscrit dans la démarche de mise en ligne de ses archives numérisées ?

Grâce à Xavier de la Selle, alors directeur des Archives, et à une collaboration exemplaire avec la direction de l’informatique, le Conseil général de l’Aube a été largement précurseur, avec un site Internet ouvert au public dès 2002. Les mises en ligne, d’abord thématiques - à travers la Galerie d’exposition - se sont depuis succédées à un rythme rapide et le site des Archives de l'Aube présente désormais un large panel d’archives numérisées : fonds prestigieux, susceptibles d’intéresser un public spécialisé en France et à l’étranger (fonds de l’abbaye de Clairvaux et du prince Xavier de Saxe), fonds utiles aux généalogistes, cadastre ancien, fonds iconographiques, etc.

À mon sens, outre ses qualités graphique et esthétique, l’originalité et la force de notre site résident surtout dans trois domaines :

  • une certaine « désacralisation » de l’archive, à travers l’ergonomie générale du site et son aspect ludique - je pense à des jeux comme le Mystère de la Cordelière notamment ;
  • la diversité - des fonds numérisés, mais également des modes de recherches proposés à l’internaute : moteur de recherche « classique », mais également plateforme de recherche innovante via WikiArchives ;
  • la tentative, partagée par de nombreux autres sites, de faire participer l’internaute, à travers l’indexation collaborative, le système des « tag », la multiplicité des modes d’information (lettre d’actualité, fil RSS, compte Twitter, etc.

Comment voyez-vous l’évolution des portails d’archives ? Quels types de document reste-t-il encore à publier ?

Les statistiques de fréquentation sont effectivement sans appel : les pages les plus consultées et les images les plus téléchargées concernent l’état civil. Cet intérêt pour la généalogie est une chance pour les portails d’archives, puisqu’il leur assure un public nombreux. A nous désormais d’amener ce public vers d’autres fonds numérisés ou vers d’autres activités proposées par les services d’archives départementaux - en ligne, mais aussi dans nos salles de lecture et d’exposition. Mettre en place cet accompagnement de l’internaute n’est pas aisé. Il passe sans doute par l’ergonomie des portails, leur facilité d’utilisation, leur réactivité - dans l’idéal, toute exposition devrait pouvoir être accompagnée d’une version en ligne, ou au moins d’une sélection de vues numérisées - et peut-être également leur ouverture à d’autres aspects du patrimoine départemental : objets mobiliers, vitraux, etc. 

Partager sur